Ça y est. Nous y sommes. Le bruit courait depuis un certain temps déjà, et ce qui devait arriver arriva : l’obligation vaccinale pointe le bout de son nez. Elle était jusqu’à présent l’apanage d’une poignée de complotistes. On vous avait pourtant prévenu : les restrictions de libertés individuelles basées sur le passe sanitaire arrivent. On nous traitait d’oiseaux de mauvais augure, de fous à lier, de défaitistes, de pessimistes, de complotistes, de que sais-je encore… Et pourtant. Les faits sont là. Et ils sont têtus.

Lundi 12 juillet. 20 heures. Une allocution semblable à tant d’autres depuis ce funeste 17 mars 2020, où la France fut mise sous cloche pour la première fois. Après les balivernes habituelles et une longue séquence d’autocongratulations, les mesures tombent, comme autant de banderilles plantées dans notre dos. Les visages se crispent. Les souvenirs du monde d’avant défilent dans nos têtes. Une certaine résignation s’installe. Les scénarios catastrophe se bousculent dans nos esprits. On commence à visualiser les situations où le passe sanitaire sera désormais indispensable. On écarquille les yeux. On se croit dans un mauvais rêve, un film d’anticipation, un roman futuriste, qu’on va se réveiller. Mais il n’en sera rien. Macron vient de siffler la fin de la récré : l’heure de la grande punition a sonné. L’allocution s’achève. Le soleil se couche sur nos libertés. Mais reparaîtra-t-il un jour à l’horizon ? Le passe sanitaire sera notre ausweis vers la promesse de jours meilleurs, l’éternelle carotte suspendue à son bâton.

Le totalitarisme en blouse blanche, imposé à coups de seringues et de QR codes, fera désormais partie intégrante de notre quotidien. On n’est pas loin du score social tel qu’il fonctionne en Chine populaire, où les actions de tout un chacun définissent le périmètre de ses libertés individuelles. Patience, cela viendra. Les problèmes de pénuries de vaccins ont subitement disparu, comme par magie. L’exécutif rend donc obligatoire la vaccination du personnel médical et paramédical. Il ne ferme même plus la porte, malgré des déclarations contraires ces jours derniers, à l’extension généralisée de l’obligation vaccinale à l’ensemble de la population. Dans le même temps, il annonce la fin du remboursement des tests dits de confort, excepté sur prescription médicale. Le peu de liberté qu’il nous restera se monnayera donc au prix fort, pour ceux récalcitrants au vaccin. Les privations de salaires et les licenciements pour faute seront demain monnaie courante. L’étau se resserre. Le « docteur » M. (pour Macron, ou Mengele, c’est selon) s’apprête à faire vacciner les 20 derniers millions de souris de laboratoire qui ne le sont pas encore. La déconnexion est totale, mais pourtant pas nouvelle, entre un exécutif dont le rôle ne se cantonne plus qu’à administrer le chaos, qu’il entretient pourtant savamment à son profit, et une base complètement amorphe, léthargique, réduite à une simple donnée statistique. Nul besoin d’article 16 ou de 49-3, ça passera au parlement comme une lettre à la poste. Et tous les Conseil d’État ou Conseil Constitutionnel n’y changeront rien. La classe politique se range sans broncher derrière l’exécutif, malgré quelques vaines et timides protestations sur Twitter. Les restrictions liberticides sont traitées dans l’allocution de la même façon que les retraites, ou la relance économique : un sujet presque banal, habituel. Comme si une douille n’était pas suffisante. Le monde de demain apparaît à la face des derniers naïfs de façon glaçante. Le temps de la naïveté et de l’innocence est bel et bien révolu : vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas. En vérité, tout cela n’est pas nouveau, bien sûr. Les textes sont prêts depuis décembre. Il fallait juste attendre le bon timing : entre deux élections, après avoir relâché les restrictions à la fin du printemps. Pour mieux sévir en plein été, au moment où les gens ont la tête ailleurs.

L’allocution n’est pas terminée, que déjà la peur s’empare des Français. Macron a bien fait son boulot, le message est passé et reçu. À 21 heures, 17 000 rendez-vous de vaccination étaient pris chaque minute sur la seule plateforme Doctolib. Et au bout, la promesse d’une liberté qu’à peine perdue, déjà ils voudraient recouvrer. La société du soin et de l’assistanat, à son paroxysme, se mue en société du contrôle totalitaire et du soupçon : mais vaccinez-vous, qu’on vous dit, puisque c’est pour votre bien ! Le chantage à la liberté risque bien de se révéler particulièrement efficace. Partout, les initiatives incitant à la vaccination et les campagnes médiatiques apparaissent : tous les moyens sont bons pour faire céder les derniers sceptiques. Les moutons sautent dans le ravin à la queue leu-leu. Il n’en faut pas beaucoup pour convaincre l’homme moderne : touchez à son portefeuille ou à sa liberté, et vous saurez bien souvent le faire changer d’avis. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », écrivait le grand Rabelais, médecin de son état, dans Pantagruel. Le flou total entourant l’efficacité des vaccins demeure, par exemple sur la question de la pertinence d’une troisième dose, que ce soit pour des raisons purement médicales, ou financières (pour engraisser les labos, qui dans leur intérêt, recommanderaient une dose supplémentaire chaque année, touchant un beau pactole au passage), et rend cette maxime terriblement actuelle. Il serait assez dangereux de croire que ça s’arrêtera à deux doses de vaccin. Les vaccins sont bien plus intéressants pour les labos que les médicaments : en effet, de par leur caractère souvent obligatoire, ils permettent aux labos de s’assurer une rente. Maintenant, une autre question se pose : un rappel par an pour le vaccin (à chaque nouveau variant) serait difficile à mettre en place. Actuellement, aucun vaccin obligatoire ne nécessite de rappel tous les ans dans notre pays. Les rappels sont généralement tous les 5 à 10 ans. La logistique à mettre en place pour assurer la rente des labos, quand on sait l’état du système de santé, interroge. Une autre conséquence possible des annonces d’hier soir : l’accélération de la privatisation du système de santé. Alors que dans certains hôpitaux, 40 % du personnel de certains services quitte son poste, attendez-vous à voir bientôt les cliniques privées pousser comme des champignons. Pour deux raisons : le besoin pour certains de faire du profit facile (la médecine étant un secteur abrité), et la nécessité pour d’autres (les soignants non-vaccinés exclus de l’hôpital public) de continuer à gagner leur vie malgré leur refus de l’obligation vaccinale. Plus personne évidemment ne croit encore à la fable de la vaccination obligatoire pour soulager l’hôpital public en cas de quatrième vague : elle pourrait bien, au contraire, lui porter le coup fatal.

Devant ce constat des plus pessimistes, vous en conviendrez, se pose la sempiternelle question : que faire ? Pas de précipitation. Attendre un peu, voir comment ça se passe, réfléchir, s’organiser, et surtout ne jamais se résigner. Le doute se comprend, la peur déjà moins. Prudence, vigilance, réflexion, organisation. Le système a ses talons d’Achille, dont une certaine inertie. Par le passé, l’exécutif a déjà reculé sur certains points. Les QR codes dans les bars semblent somme toute assez peu contrôlés jusqu’à présent : on verra ce qu’il en sera par la suite. Sur la question des attestations, l’exécutif a aussi reculé. À nous désormais de nous glisser dans les interstices du système, ce maigre intervalle entre la théorie et la pratique, où la liberté semble encore possible, à défaut d’être garantie. Quelque part, cela nous invite à ne jamais nous reposer sur nos acquis, afin que toujours, nous soyons en ébullition. Chercher des solutions, s’organiser, expérimenter des alternatives. Penser. Réfléchir pour mieux agir. Voilà ce qu’il nous reste désormais à faire, pour que jamais ne s’éteigne cette faible, mais persistante, lueur d’espoir. L’heure n’est pas à la joie. C’est l’épreuve du feu pour nos communautés militantes, pour certaines déjà durement éprouvées par la répression du système. Il nous faut prendre acte de chaque petite victoire. Ne pas verser dans le triomphalisme. Demeurer calmes et attentifs. Toujours aux aguets. Garder la tête froide. Se méfier des solutions miracles. Et construire la contre-société. Refuser leur enfer, bâtir notre société.