Nous sommes drogués. Complétement accro. Une vie occidentale moderne est absolument inconcevable sans une utilisation compulsive d’écrans de toutes sortes. Et je vous le donne en mille ça nous rend complétement con.
Un jeune français de moins de 25 ans passe plus de 7h par jour devant un écran (hors travail). On ne s’en rend même plus compte. Du réveil au coucher nous avons en permanence un objet numérique à contempler. Un jeune français consulte en moyenne 52,1 fois par jour son smartphone. Et ce n’est pas près de s’arrêter, la nouvelle génération est dans les starting block avec une utilisation hebdomadaire d’internet de 4h37 pour les 1-6ans.
D’une part cette saturation d’écran nous déglingue la santé : trouble du sommeil, anxiété, dépression, troubles cardiaques ou cérébraux. La lumière bleue est notre pire ennemi. La sédentarité due à la passivité provoque également des troubles musculaires et digestifs. Et ce n’est pas seulement pour les gros porcs qui jouent aux jeux vidéo ou bavent devant du porno, toute la population est concernée.
D’autre part cela crée des générations de zombie. Internet qu’on nous promettait comme le plus bel accès à la culture spécifique, de la connaissance universelle à la compréhension du monde, n’est somme toute qu’une industrie culturelle de masse parfaitement calibré pour tenir l’humanité dans une sorte d’ennui voir de somnambulisme léthargique. Adorno avait déjà constaté ça pour la Télévision dans chaque foyer ; il serait bien effaré s’il trainait sur Instagram.
L’écran, doublé de l’industrie du divertissement, vous empêche surtout de penser. Si vous regardez un film, même si ce dernier est incroyable, ne soyez pas dupe, il vous mache la pensée. Pour penser il nous faut du calme, du silence et aucun trouble ou perturbation. Internet est une perturbation générale basée sur le changement immédiat, le scrolling, les formats courts. Pour commencer à comprendre le monde qui nous entoure et se dire que ce serait pas mal de briser nos chaines il faut laisser son esprit vagabonder. La réalité de nos vies est tout autres : On se réveille, on check ses notifs, on prend le métro on scrolle sur les réseaux sociaux, on bosse, on re-checke ses réseaux dans le métro du retour, on se vautre sur son canapé pour regarder un épisode de série, cet épisode se transforme en 10 et on se couche éclaté en regardant une connerie sur YouTube. A quel moment avons-nous pensé, ou produit un effort intellectuel ? Jamais.
Je ne dis pas qu’il faut quitter immédiatement tout écran. J’écris cet article sur un ordi, je fais des recherches sur internet pour le poster sur Facebook. Mais prendre conscience du problème et commencer à réduire son pouvoir sur notre vie est une urgence avant que les obèses du monde de Wall-E gagnent la partie.
Pour aller plus loin :
Theodor W. Adorno et Max Horkheimer, La Dialectique de la raison, 1947
Michel Desmurget, La fabrique du crétin digital, 2019
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