Le terrorisme est aujourd’hui au cœur de la vie de nos sociétés. Passé de la revendication politique à l’extrémisme religieux, on le cantonne à présent souvent à l’islamisme radical.
Néanmoins, depuis la Révolution Française, la France et l’Europe ont été secoués par de nombreux actes de violences au noms de principes idéologiques ayant eu plus ou moins de succès. Qu’elles soient de droite ou de gauche, communiste ou fasciste, ces tentatives ont comme point commun une volonté de prise du pouvoir par des moyens non-reconnus par le système politique en place.
Loin de vouloir faire l’exégèse de l’apparition de l’Etat, du contrat social à la communauté naturel, il est néanmoins important de définir l’État et plus particulièrement ce qu’est un système politique afin de mieux comprendre comment certains groupes politiques peuvent devenir déviants. David Easton, politologue contemporain a redéfini l’existence du système politique moderne dans son ouvrage A system analysis of political life. Sa pensée systémique, loin de la philosophie politique, permet de comprendre les systèmes politiques modernes sous un nouveau jour. Easton voit ainsi tout système politique comme une manufacture transformant des volontés revendicatrices “inputs” (matières premières) en décision coercitive “outputs” (produits manufacturés).Sur les inputs, l’auteur cherche “à exprimer l’idée que les exigences politiques peuvent provenir d’expériences éprouvées dans les domaines de la vie sociale qui ne sont pas en relation directe avec la politique”.
Ainsi, le système politique n’est qu’un ensemble de processus visant à apporter des solutions à des problèmes posés par une partie ou l’ensemble de la société. Il doit pour cela comporter un ensemble de structures, partis, syndicats et organe législatifs aptes à répondre aux inputs, c’est-à-dire aux exigences des membres de la société.
David Easton développe dans cet ouvrage une pensée libérale classique. Le système politique mis en place doit être l’incarnation d’un certain soutien de la société, d’une volonté de la majorité. Il est néanmoins intéressant d’étudier la cas de l’opposition politique. Pour David Easton, il ne peut exister au cœur d’un système politique de volontés profondément contradictoires, ne pouvant se régler grâce à une réforme structurelle. Le cas de la violence de l’État est alors considéré comme la simple coercition, outputs, nécessité par la volonté majoritaire, inputs. Il faut bien comprendre que la notion de majoritaire n’est pas à prendre de façon quantitative, mais qualitative.
Enfin, sur la question des idéologies, Easton considère qu’il n’y a “aucun besoin d’assumer qu’on peut en trouver de conflictuelles dans tous ou même dans la plupart des systèmes”. En effet, ce n’est pas le système en lui même qui pourrait être remis en cause, mais les outputs, les réponses apportées aux exigences, inputs.
Il en va de même pour la légitimité, qui n’est finalement qu’une réponse apporté par l’État, output, à une volonté de la part de la société, input.
Cette vision systémique de l’État permet de comprendre, en dehors des grands principes de philosophie politique, la réalité concrète des rapports humains au sein d’une société. Loin d’être limité à une vision anglo-saxonne, comme le voudraient ses détracteurs, la pensée d’Easton relativise les affrontements idéologiques en reprenant notamment un discours d’affrontement pour l’appropriation des ressources proche de l’étude de Marx. Cette analyse nous permet donc de comprendre ce qu’est la déviance en politique : un fait minoritaire d’une volonté d’affranchissement de la volonté générale : sortir du input.
Il est notamment intéressant de noter que la déviance politique est issue de l’instrumentalisation d’une volonté parfois majoritaire. Ce point sera étudié ultérieurement lors du développement.
Précisons que le groupe politique est à distinguer du groupe sociologique par son origine, qui n’est pas forcément issue d’un milieu socio-professionnel défini, mais aussi par son objectif. En effet, en sus, d’un objectif de reproduction et de continuité du groupe, le groupe politique a aussi une volonté d’expansion, soit du nombre de ses membres, soit de sa sphère d’influence.
Le terme de déviance, porteur d’une charge négative important, peut s’appliquer à un groupe politique tant de par son objectif, qui peut être comme vu précédemment, la prise du pouvoir par un autre biais que la volonté générale, mais aussi par sa constitution et son mode de fonctionnement : changement de système de valeurs morales, entrée en clandestinité. Ainsi, tout groupe politique, quelque soit son idéologie politique, sociale ou encore économique est considéré comme un groupe politique lorsqu’il tente d’étendre son idéologie allant à l’encontre des principes édictés par l’Etat en place.
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