Technique provient étymologiquement du grec tekhnè. Aristote écrit à ce sujet dans son premier livre de la Métaphysique : « chez les hommes, c’est de la mémoire que naît l’expérience : la multiplicité de leurs souvenirs d’une même chose en vient à rendre possible une unique expérience […] La technique naît lorsqu’une unique conception générale sur des choses semblables se forme à partir de plusieurs notions expérimentales ».
Ce concept de tekhnè est à mettre en parallèle avec celui de praxis. La praxis, la pratique, concerne le geste, l’action proprement dite. La teckhné, la technique, va considérer la suite des gestes à accomplir et les articuler grâce au logos, l’utilisation de la raison, afin de parvenir à la réalisation de l’objectif.
La technique se distingue déjà de la pure action, de la pure gestuelle. On aperçoit dès sa définition dans l’antiquité puis dans son évolution parmi les différentes écoles grecques, romaines, scolastiques, médiévales ce supplément contenu au delà d’une recette de cuisine, d’une liste d’actions à effectuer pour parvenir à son aboutissement.
La technique ne tend naturellement pas vers le simple savoir-faire, mais par l’organisation de ce dernier et la mise en place de pratique vers ce qui doit être. Cette notion de progression, de transposition vers une réalisation future est primordiale pour comprendre et définir correctement ce qu’est la technique.
Le piège de cette définition est justement de tomber dans une image statique, une existence inévitable de la technique en elle-même. La technique ne doit pas être entendue comme un simple agglomérat de pratiques, de savoir, qui pourrait s’appliquer à l’artisanat, l’agriculture, la sociologie, l’étude etc… Mais comme une force motrice indépendante modelant à son usage les réalités.
Insistons sur ce point. La technique n’est pas un simple fruit du génie humain. Elle ne découle pas seulement d’une expérience pluri-millénaire, de gestes répétés et améliorés génération après génération. Elle est bien plus que cela, elle est à la fois un cadre, un objectif à tendance auto-réalisatrice. L’apparition de la technique moderne a comme corollaire direct la recherche d’une plus grande efficacité, de produire plus ou mieux, à moindre coût ou à moindre effort. D’optimiser la réalisation, mais aussi le processus y amenant.
La technique n’est pas neutre, ce n’est pas un simple marteau ou une simple méthodologie s’appliquant à diverses matières, mais bien une fin en soit, l’objectif, le cadre, le problème et la solution à une même problématique.
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