La mesure fait parler. Et agace profondément. Depuis le 1er juin, les véhicules Crit’Air 4 ne sont plus autorisés à circuler au sein de la ZFE du Grand Paris.

Quelques explications pour comprendre comment, dans les années à venir, seuls les véhicules électriques hors de prix et réservés à une minorité, seront les seuls à pouvoir circuler dans la quasi-totalité des grandes zones urbaines françaises.

Une Zone à faibles émissions mobilité (ZFE), limite l’accès des véhicules les plus polluants au centre des agglomérations. Cette mesure est présentée comme étant parmi les plus efficaces et les plus rapides pour réduire les émissions liées trafic routier. La ZFE vise donc à restreindre progressivement la circulation des véhicules les plus polluants selon leur vignette Crit’Air. Il existe aujourd’hui quatre ZFE : les métropoles de Grenoble, Lyon, du Grand-Paris, et la ville de Paris. Sans compter la création de sept nouvelles ZFE courant 2021 : Strasbourg, Toulouse, Montpellier, Marseille-Aix-en-Provence, Toulon, Nice et Rouen. Et ces zones à accès restreint seront élargies dans les prochaines années : 131 communes autour de Paris vers 2025, 58 autour de Lyon, 71 communes autour de Rouen… Barbara Pompili, Ministre de l’écologie, a confirmé que « la mise en place des ZFE va toucher la moitié de la population française, qui vit dans des agglomérations de plus de 150 000 habitants. Dans ces agglomérations – 35 à partir de 2025 – des véhicules ne pourront plus rentrer ; des gens ne pourront plus accéder au centre-ville ».

La moitié de la population sera donc concernée par ces restrictions d’accès aux centre-ville. Mais lorsque l’on regarde un autre indicateur, bien plus parlant, le tableau se noircit. Le parc automobile français se compose de la sorte :

• Crit’Air 5 : véhicules diesels mis en circulation avant le 31 décembre 2000 (7% du parc automobile français)

• Crit’Air 4 : véhicules diesels mis en circulation avant le 31 décembre 2005 (10% du parc automobile français)

• Crit’Air 3 : véhicules diesels mis en circulation avant le 31 décembre 2010, véhicules essences mis en circulation avant le 31 décembre 2005 et motos mises en circulation avant le 31 décembre 2006 (26% du parc automobile français)

• Crit’Air 2 : véhicules diesels mis en circulation après le 1er janvier 2011, véhicules essences mis en circulation avant le 31 décembre 2010 et motos mises en circulation avant le 31 décembre 2016 ou 2017 en fonction du type de 2 roues (35% du parc automobile français)

• Crit’Air 1 : véhicules essences mis en circulation à partir du 1er janvier 2011 et motos mises en circulation à partie du 1er janvier 2017 ou 2018 en fonction du type de 2 roues (22% du parc automobile français)Depuis le 1er juillet 2019, les restrictions de circulation – appelons-les plutôt « interdiction d’accès aux centres-villes » – portent sur les véhicules non classés et Crit’Air 5.

Depuis le 1er juin 2021, les véhicules Crit’Air 4 sont également concernés. A ce jour, c’est donc 17% du parc automobile français qui n’a plus droit de paraitre dans 79 communes du Grand Paris.

En juillet 2022, les véhicules Crit’Air 3 seront exclus des ZFE. Puis le 1er janvier 2024, les Crit’Air 2, c’est-à-dire la quasi-totalité des véhicules diesels. Parlons clairement : cela veut dire que dans deux ans et demi (demain, donc), 78% des véhicules français seront totalement exclus des principales agglomérations françaises. En 2030, les véhicules à essence pourraient à leur tour être interdits. Laissant le champ libre à seulement 1% des automobilistes.

Cela touche d’autant plus durement les professionnels, commerçants et artisans. A titre d’exemple, en Ile-de-France, c’est environ 20% de leur parc automobile qui est concerné à ce jour. En 2024, ce sera 85%.Pour des raisons fiscales et financières évidentes, cette typologie d’usager de la route privilégie majoritairement le diesel. Quand dans les ministères, l’objectif est de faire disparaître totalement, d’ici 2024, les véhicules diesel professionnels en région parisienne.

Bien entendu, des aides existent pour aider à l’achat d’un véhicule propre (pour les particuliers et les professionnels, de 1000€ à 13000€ – parfois cumulatifs- selon les villes, régions et métropoles).Cependant, le prix moyen de vente d’un véhicule électrique neuf en France est de plus de 35000€, contre 26000€ pour les véhicules thermiques. Sans compter la location de la batterie, le prix de la recharge rapide qui explose et l’autonomie bien souvent non adaptée aux besoins des français.

L’écologie punitive n’aura donc, à terme, d’autre effet que de réserver l’accès des centres-villes aux ultra riches, en fragilisant tout le tissus économique dépendant d’un accès simple et rapide à leurs zones d’attractivités.