Depuis l’allocution du Président de la République, les réseaux sociaux sont en feu. De toutes parts on peut entendre des hurlements de colère d’internautes face à ce qu’ils considèrent comme un coup de poignard dans la démocratie. Tout le monde y va de son petit commentaire : « C’est un coup d’état », « nous avons basculé dans la tyrannie », « Aux armes » « nous sommes dans une dictature » « moi vivant jamais je ne me ferais vacciner » ; pire tout le monde y va de sa citation allant de Kaamelott, à Star Wars en passant par Huxley et Orwell.

Tous ces mouvements d’humeur sont fondés et légitimes, ce n’est pas le propos. Il y a juste quelques incohérences dans la manière de faire :

-Commençons par le « Je préfère finir mort sous un pont que de me vacciner ». Quel manque d’humilité ! Ce genre de phrase ne peut être prononcé que par une poignée d’élus accrochés à un poteau d’exécution. Pour le moment vous gueulez parce qu’on va peut-être vous priver de resto. On verra où vous en serez quand, votre vie, comme vous semblez le prédire, va vraiment basculer, quand effectivement vous n’aurez plus de quoi nourrir vos gosses, que vous ne pourrez plus vous déplacer et que des patrouilles de Vopos commenceront à arrêter les protestataires. Être un résistant ou un partisan demande du courage, des sacrifices et une grandeur d’âme qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Au même titre que la phrase « moi pendant la guerre j’aurais fait ça ou ça », c’est extrêmement prétentieux de penser qu’on sera assez fort pour résister à la pression. Parce qu’on a beau avoir lu Piero San Giorgio et Henry David Thoreau, le fait de basculer dans une vie de paria traqué dans les bois n’est pas une sinécure.

– « Nous nous devons de renverser cette tyrannie. » Si j’en crois la définition de tyrannie il s’agit d’un mode de gouvernement absolu, oppressif et arbitraire, c’est-à-dire un gouvernement en roue libre où plus aucune règle commune sensée brider l’Etat ne tient debout. Donc vous vous apprêtez à prendre le maquis et je vous en félicite sauf que vous le dites à tout le monde. Vous offrez donc à l’Etat oppresseur, la preuve que vous êtes un dissident et vu qu’il est en roue libre il n’aura aucun mal à vous arrêter et vous déporter. C’est comme si le colonel Rémi, héros de la résistance avait écrit une lettre à la Kommandantur pour se plaindre de l’invasion de la zone libre en ayant pris soin d’écrire son adresse. Reconnaissez que c’est complètement con ! Tout comme les gens qui parlent librement de fraude de vaccin sur des Gafam connus pour leur confidentialité et leur neutralité. Vous voulez vous opposer ? Apprenez le B-A BA du partisan : le secret, le silence et le camouflage.

Plutôt que de faire un concours pour savoir qui va gueuler le plus fort, faites l’inverse. Vous vous considérez en guerre contre l’Etat, faites-le vraiment. Relisez « l’art de la guerre » de Sun Tsu et « la théorie du partisan » de Carl Schmitt. Disparaissez des radars, ne vous faites pas remarquer. Si on vous demande en public si vous êtes vaccinés, bottez en touche. Si nous sommes en “dictature”, il est préférable de répondre « non pas encore je n’ai pas trouvé le temps » que « Moi vivant jamais ». Dans un cas vous êtes un fainéant, dans l’autre un dangereux perturbateur. Éloignez vous des réseaux sociaux, si vous avez des plans de médecins réfractaires, ne les balancez pas en ligne à des gens que vous ne connaissez pas même si soi-disant ils pensent comme vous. La liste est longue des choses à savoir pour ne pas attirer l’attention et pour lutter efficacement, nous y reviendrons peut-être dans un prochain article.