Publié en 1951, le livre « Le Traité du rebelle ou le recours aux forêts » est toujours d’actualité aujourd’hui et le sera pour de longues années pour quiconque souhaite lutter contre la « bien-pensance » actuelle.
Le Traité du rebelle commence et se finit par une seule et même question, peut-on délivrer l’homme de la peur ?
Jünger commence tout d’abord par nous parler des élections et de la grande question qui est : l’électeur peut-il faire valoir son opposition au gouvernement ? Le système de vote ne serait-il pas plutôt un questionnaire guidé, plus ou moins grossièrement (par exemple : êtes-vous pour ou contre la paix ?). Dans tous les cas, l’abstentionnisme ainsi que le vote blanc n’a pas sa place dans cette machine bien huilée et ne sera donc pas pris en considération. Le fait de voter contre le système n’est qu’un premier pas qui fera de l’homme un Rebelle.
Les 1% de Jünger représentent la partie de la population qui se dresse contre le système et qui représente une élite. C’est cette élite qui devra assurer le salut de toute la société.
L’Homme, s’il comprend son état de passivité obligé, décide de quitter le navire de la bien-pensance et gagner la forêt devra faire face aux sirènes de la propagande qui nous parle de liberté quand il faut aller combattre pour des combats qui ne sont pas les nôtres, qui parle de confort quand il s’agit en réalité de toujours plus consommer…
Si l’Homme arrive à se soustraire à cette propagande, alors, seulement commencera sa quête du recours aux forêts. Afin d’y parvenir, le rebelle pourra compter sur l’art, la philosophie et la théologie afin de former une véritable communauté de résistance. Ainsi, Jünger nous dit que le recours aux forêts c’est « l’examen de la liberté de la personne dans le monde ».
Cependant, ce recours aux forêts n’est pas sans risques ni sacrifices. Il fut un temps ou le rebelle était exclu de la communauté. Aujourd’hui, il n’est plus question de fuir, mais d’observer, sans quitter le navire de la doxa car, si on quitte le navire en pleine mer, on risque de se noyer.
Ainsi, il décide entre le fait d’être combattant ou un esclave tout en sachant que la peur sera toujours à ses côtés et c’est pourquoi il doit vivre avec elle, la dominer.
Dans notre société spectaculaire marchande, le rebelle à d’autres valeurs que ses congénères. Le Rebelle refuse la stimulation des désirs consuméristes et ses seules contraintes sont celles qu’il s’est choisi. Il échappe au contrôle des comportements. Tapis dans l’ombre, il s’oppose à l’unisson des masses, c’est pourquoi il gêne mais il peut tout aussi bien se fondre dans les foules anonymes du navire et ainsi ne pas être repéré.
La résistance ne s’effectue pas forcément à visage découvert. Elle serait plutôt présente dans les maquis, les guérillas, … Y a-t-il une neutralité possible entre l’appel aux forces de l’ordre qui coûte le confort et la panique du chaos, et l’engagement personnel à trouver de nouvelles formes de liberté contre les nouvelles formes du pouvoir ?
Le Rebelle de Jünger n’est qu’une figure, un idéal inatteignable, mais simplement capable de nous guider, tout comme le font nos mythes ancestraux. C’est en passant la limite de la forêt et en la traversant que nous vaincrons la peur de la mort soit toutes les peurs. Il y faut des initiateurs, des éclaireurs, pour que nos pas se dirigent dans la pénombre. Il y faut des exemples concrets, des personnes exemplaires, pour nous convaincre que, oui, cela est possible, et comme nous choisissons alors de respirer l’air pur des forêts, il y faut une communauté libre et solidaire pour penser que, là, se trouve une réponse plausible, paisible, aux maux que nous subissons encore.
Quand tout le monde voit un seul chemin, sûr et connu, le rebelle verra l’ensemble des chemins de traverses qui s’offrent à lui et qui ne mènent pas forcément à la catastrophe afin de réaliser son destin. En choisissant son propre destin, l’Homme fait preuve du plus grand courage qui soit. C’est grâce à la découverte de ces ressources, des mythes ancrés en nous que naissent les rebelles.
Analyse entendue sur les ondes de Radio Virus : https://www.youtube.com/watch?v=x6YGwnrJtMs
Notre bibliographie : https://dextra.fr/bibliographie/
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