Si Drieu La Rochelle situe la mort, politique du moins, des provinces au XVIème siècle par l’action des Bourbons parachevant la France, Maurice Barrès lui se fait le témoins de leur mort “charnel” sous les coups des “Hussards noirs” de la IIIème République.

Lui-même instigateur d’un nationalisme républicain, Barrès peut aussi être considéré comme un précurseur du “Nationalisme Intégral” de Charles Maurras de par son œuvre, notamment l’ouvrage ici en cause, les deux hommes entretenant volontiers cette idée de filiation intellectuelle dans leurs doctrines.

Au cours du récit, on se retrouve à suivre une groupe de lycéens lorrains qui, sous la férule d’un des “hussards” précédemment cités, prépare et obtiennent leur baccalauréat et sous la fascination inspirée par leur maître s’orientent pour le plus grand nombre vers des études parisiennes.

Au travers de la comparaison des différents parcours des nouveaux étudiants, l’auteur fait entrer les grands axes de sa pensée politique.

Entre en jeu les différences de milieux entre protagonistes auxquels les origines sociales divergentes n’autorisent pas tous la même évolution. L’idéal universaliste et méritocratique républicain s’y trouve violemment remis en cause au travers des réussites de certains contre la descente aux enfers des autres, selon les relations et apports reçus des familles.

Bien que républicain lui-même, Barrès dénonce la méthode “jacobine” d’homogénéisation de la population par un programme d’éducation national centré uniquement sur Paris, au dépend des provinces dont l’on souhaite normaliser l’effacement jusque dans leurs accents.

On retrouve bien là la volonté d’une politique économique socialiste et de préservation nationale qui animera la carrière politique de celui qui restera la référence anti-universaliste de la droite au XXème siècle.

Au-delà de la qualité du roman dans sa trame narrative, il reste une œuvre visionnaire pour ceux qui font face à l’évolution totalitaire des institutions modernes et qui veulent œuvrer à lutter par l’enracinement.

Il ne peut qu’inciter à l’action pour l’école libre pour préserver la transmission de ce que nous sommes et voulons être en tant que peuple, mais aussi en terme de transmission des savoirs tant il permet de constater le déclin d’une école qui fut, malgré ses travers, un modèle d’excellence.