Depuis de nombreuses années, l’apprentissage des langues anciennes s’étiole et de moins en moins d’élèves suivent ces cours, de moins en moins de professeurs se forment et la maitrise de ces langues est en voie de disparition.

Avant l’anglais, le latin a été une langue universelle, celle de l’église. L’anticléricalisme ambiant a concouru à l’abandon du latin. La paresse intellectuelle a celle du grec. Mais comment formeront nous les historiens et linguistes de demain ? les scientifiques et biologistes ? les juristes ?

Le latin est encore d’usage, il est précieux pour comprendre l’étymologie, pour apprendre la traduction et comprendre l’usage des langues qui en sont dérivées. L’appauvrissement culturel est aujourd’hui une réalité. La maitrise de ces langues qui étaient encore conservées par les élites ne trouve plus d’adeptes. Il n’y a qu’en classe préparatoire littéraire que l’usage est encore maintenu, et encore ! L’heure n’est plus à la querelle entre anciens et modernes puisque le camp des anciens aura été déserté. Y aura-t-il encore des académiciens dignes de ce nom ?

La survalorisation des enseignements scientifiques au détriment du domaine littéraire, l’étiolement de la lecture sont quelques maux de plus. Les humanités classiques sont victimes de l’idéologie de l’utilité à tout prix, le matérialisme ambiant créer une omniprésence du calcul cout-avantage chez les citoyens-consommateurs. Or ces langues ce sont nos origines, nos racines. Les bienfaits en tant que méthode de travail, acquisition d’un esprit critique sont méconnus, dévalués à tort. Apprendre une langue ancienne, c’est aussi ouvrir un accès à la culture aux élèves qui ne sont pas privilégiés.

Il ne s’agit pas d’être passéiste et conservateur mais simplement de connaitre notre histoire et de pouvoir apprécier un beau texte et tous les enseignements dont ils sont féconds.« Les langues mortes vont-elles mourir une deuxième fois ? Jusque quand laissera-t-on les élites, d’hier ou d’aujourd’hui, mettre au placard ce patrimoine invisible, mais bien réel, sur lequel nous n’avons aucun droit, et surtout pas celui d’en priver les générations futures ? Nous ne sommes pas propriétaires des Humanités, langues anciennes et culture, juste légataires et responsables, à ce titre, de leur transmission.

Quelle curieuse conception de l’égalité que celle qui consiste à supprimer des disciplines, ou à les réduire, au motif qu’elles favoriseraient les élèves issus de familles aisées ? Faut-il donc brûler nos héritages culturels et se féliciter ensuite d’obtenir une égalité par soustraction ? Tocqueville avait prophétisé que les démocraties ne haïraient rien tant que les grands hommes. Il ne savait pas que cette haine de l’éminence couvrirait tout ce qui peut concourir à élever l’homme.

Cette charge contre les ennemis du grec et du latin n’est pas l’œuvre d’un “décliniste”, ni celle d’un nostalgique des déclinaisons latines. C’est la réflexion d’un citoyen, ni enseignant, ni partisan, qui s’interroge sur le rôle de la culture classique dans la formation d’un homme. Péguy disait déjà en son temps que rien n’était plus vieux que le journal du matin et qu’Homère était toujours jeune.

Il semble bien que notre époque, tout acquise qu’elle est au “présentisme”, à cette religion de l’actualité, ait pris le parti inverse. Mais pour quels résultats ? » Homère, Virgile, indignez-vous ! – Pour sauver le grec et le latin, Thierry Grillet

Pour poursuivre cette réflexion :

Où va l’éducation ? Piaget

A l’école des anciens, L.Pernot, Signets Belles Lettres

Homère, Virgile, indignez-vous ! – Pour sauver le grec et le latin, Thierry Grillet

https://youtu.be/vix2U7uWQcU