Cette sentence est peut-être LA sentence du grand écrivain, journaliste et académicien qu’était Charles Maurras. Ici, le point n’est pas de savoir pourquoi Maurras parlait de « politique d’abord », nous aborderons plutôt la notion de politique, et ce grâce à un éminent juriste, Carl Schmitt, qui comme le dit Julien Freund a plus été jugé à l’aune de l’histoire que pour son brillant travail de juriste en droit public et en science politique.
Carl Schmitt part du postulat que la notion de politique existe bel et bien sans l’Etat, c’est-à-dire que, si nous pouvons nous permettre de simplifier la pensée de cet illustre auteur allemand, même sans Etat, les hommes sont poussés à vivre de façon organisée, de façon policée, ainsi, même si Etat et politique sont forcément liés, la politique existe même si l’Etat n’existe pas, périclite ou disparaît.
Un autre point important à cette notion, le critère ami-ennemi. « Le sens de cette distinction de l’ami et de l’ennemi est d’exprimer le degré extrême d’union ou de désunion, d’association ou de dissociation. […] L’ennemi politique ne sera pas nécessairement mauvais dans l’ordre de la moralité ou laid dans l’ordre esthétique, il ne jouera pas forcément le rôle d’un concurrent au niveau de l’économie, il pourra même, à l’occasion, paraître avantageux de faire des affaires avec lui. Il se trouve simplement qu’il est l’autre, et il suffit, pour définir sa nature, qu’il soit, dans son existence même et en un sens particulièrement fort, cet être autre, étranger et tel qu’à la limite des conflits avec lui soient possibles qui ne sauraient être résolus ni par un ensemble de normes générales établies à l’avance, ni par la sentence d’un tiers, réputé non concerné et impartial. »
Ce qu’explique Carl Schmitt, est que l’opposition qui s’observe avec la distinction ami-ennemi, est intrinsèque, fait partie de la politique dans son essence même. Ce que l’on peut aussi conclure de manière plus simple en disant que le conflit fait partie de la nature humaine, mais que la nature humaine comprend aussi cet élan faisant que l’on souhaite adhérer à une communauté d’intérêts et d’action. Cette communauté d’intérêts et d’action me rapproche des membres de cette communauté et a contrario peut me faire éloigner d’autres qui seront, bon gré malgré mes ennemis.
Pour finir, « Aristote rapporte ce que de nombreux sages disent et pensent, et il le dit avec eux: l’amitié et la guerre sont à l’origine de toute institution et de toute destruction » (chronique en langue allemande d’une famille noble de Slovénie, cité par Otto Brunner dans Land und Herrschaft, 1939).
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