Le 9 janvier dernier à Noisy le sec, trois personnes défoncées au protoxyde d’Azote s’amusent, au volant d’une voiture à attraper des passants par le col et à la forcer à courir à la vitesse du véhicule. Scène épouvantable et pourtant d’une certaine banalité dans ces trous à merde que sont devenus les périphéries de nos villes. La vidéo prise par le conducteur est balancée sur Snapchat. Les réseaux sociaux s’emballent, la police enquête et arrête les criminels.
L’ordre de la phrase précédente a son importance : c’est parce que la scène a été filmé et que la population s’en est émue que la police et la justice ont fait leur travail, certainement sous la pression du ministère ne voulant pas de vague. Que se serait il passer si la scène n’avait pas fuité ? Les victimes se seraient présentées face à un fonctionnaire de police débordé et blasé qui aurait lancé une procédure pour la forme. Ses collègues déjà ensevelies sous les dossiers n’auraient pas enquêté et on n’en serait resté là. On n’en sait rien ? C’est vrai et pourtant.
Prenons un autre exemple : Le 11 octobre dernier, en Seine et Marne, une prof se fait violement jeté par terre par Yassine pendant qu’un élevé filme sur Snap en signant « c’est pas des lol ». Même rengaine : émoi, enquête arrestation. Cette affaire, vous en avez entendu parler, mais si vous discuter avec l’un de ces milliers de prof parachuté dans ces zones de non droit ils vous diront que c’est monnaie courante et que ni l’académie, ni la police ne fait grand-chose contre les auteurs.
Même chose dans les rangs même de la police. En 2018, à Champigny une vidéo nous montre une policière en train de se faire rouer de coups. Grand émoi médiatico-politique, la justice se saisit du dossier. Pourtant des flics mis à l’amende par des sauvageons c’est quotidien dans l’indifférence général.
Je pourrais continuer cette litanie encore et encore. Des récits d’exactions il y en a des milliers mais si vous n’avez pas une vidéo d’illustration vous n’intéressez pas les médias et donc votre dossier trainera dans la pile des enquêtes qu’on fera quand on aura le temps. Dans la presse il y a un proverbe qui dit que si un évènement n’est pas relaté dans un canard il n’existe pas. Hélas le système judiciaire suit le même chemin.
Pour nos dirigeants la priorité n’est pas que des milliers de Français vivent dans la terreur, que pour une clope on puisse vous cisailler le visage, que tout le monde baisse la tête face aux caïds. La priorité du gouvernement est de pouvoir expliquer que l’Etat de droit est respecté, qu’il n’y a pas de zone de non droit et que tout roule : Non pas en luttant efficacement face à ces hordes de barbares, ne comprenant même plus la notion de bien et de mal, mais en cachant le plus possible la réalité aux Français. Tout baigne ce n’est qu’un « sentiment d’insécurité ». L’état devient fort quand il se sent menacé et si après avoir tourné sur les réseaux, une vidéo arrive dans les médias vous pouvez être sûr que le téléphone du commissaire ne restera pas silencieux longtemps. Dans le cas inverse tout le monde s’en balance.
La police étant parfaitement impuissante pour contrer ces « incivilités » comme la novlangue les désigne, je vous souhaite s’il vous arrive malheur que quelqu’un vous filme. Vous aurez peut-être la chance d’être pris en considération.
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